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Enquête sur le "sugar dating": certains étudiants déclarent y avoir recours pour faire face à la précarité

Enquête sur le "sugar dating": certains étudiants déclarent y avoir recours pour faire face à la précarité
©BELGA
 
 

En septembre 2017, un site de rencontres avait suscité la polémique. Un camion publicitaire avait sillonné les avenues de Bruxelles en arborant ce slogan : "Hey les étudiantes, améliorez votre style de vie, sortez avec un sugar daddy". Le concept officiel du sugar dating repose sur des relations "mutuellement bénéfiques" entre un(e) "baby" qui a envie de s'élever socialement et d'élever son niveau de vie, et un "daddy" qui a les moyens de s'offrir une relation sur mesure. Peut-on parler de prostitution déguisée ?

L'Université libre de Bruxelles a décidé de porter plainte après le passage du camion publicitaire sur son campus. Sigurd Vedal, responsable du site Rich Meet Beautiful à l'origine de la publicité a été condamné à six mois de prison avec sursis. Il a fait appel du jugement et la nouvelle audience aura lieu dans quelques jours. 

À partir du scandale Rich Meet Beautiful, la journaliste Justine Pons a mené l'enquête. L'objectif est de découvrir les profils qui interagissent sur ce type de plateformes et pourquoi. Les résultats mettent en lumière les aspects judiciaires, psychologiques, financiers et médiatiques du concept.

Payer ses frais de scolarité

Certaines étudiantes s'inscrivent sur ces sites pour payer leurs frais de scolarité. Aujourd'hui, avec la crise sanitaire, beaucoup de jeunes ont perdu leur job d'étudiants. Il est donc possible que des étudiants se tournent vers le sugar dating pour financer leur cursus, selon Chems Mabrouk, présidente de la Fédération des étudiants francophones. "On a déjà été confronté à des témoignages très durs. Une personne expliquait qu'à cause des difficultés financières liées à la crise du coronavirus, elle a dû se tourner vers ce genre de pratique", affirme-t-elle.

La précarité étudiante était déjà présente avant le coronavirus, mais ce dernier n'arrange rien. "Cela met une difficulté en plus. Dans une étude auprès des étudiants de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 32 % nous disent avoir plus de mal à payer leurs études que l'année dernière. Il y a un accroissement de la précarité étudiante", considère Chems Mabrouk. Selon un des sites leader du sugar dating, 20 % des utilisateurs sont étudiants. Un indicateur en augmentation par rapport à l'année dernière.

Rechercher la fougue de la jeunesse

On en sait toutefois très peu sur les personnes ayant recours à ces services : les sugar daddies. Professeurs, commerciaux, fonctionnaires, la cinquantaine, mariés, divorcés ou célibataires, les profils sont très variés mais avec des motivations similaires. Le sexe est presque toujours évoqué, demandé et négocié. Du sexe contre rémunération ou compensation matérielle.

Certains ne cherchent qu'à assouvir des fantasmes, d'autres veulent inclure le sexe dans une relation plus globale avec un restaurant, une sortie au théâtre ou dans les magasins. Ces hommes optent pour le sugar dating afin de s'offrir des relations sans tracas. Ils paient pour obtenir exactement ce qu'ils désirent. Certains daddies avouent rechercher la fougue de la jeunesse et confient vouloir pimenter leur quotidien.


 

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