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Les services d'accrochage scolaire décrochent financièrement: le Sas de Tournai a remis 6 préavis

Les services d'accrochage scolaire décrochent financièrement: le Sas de Tournai a remis 6 préavis
 
 

Le service d’accrochage scolaire (Sas) de Tournai, en difficultés financières, vient de remettre six préavis. Un problème dû à l'enveloppe fermée distribuée par l’enseignement obligatoire et l’aide à la jeunesse, qui concerne également les 11 autres Sas de Wallonie et de Bruxelles.

Chaque année, 14.000 jeunes sont en décrochage scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Environ 500 d'entre eux sont pris en charge par un service d'accrochage scolaire (Sas). On trouve plus d'une dizaine de ces associations réparties sur le territoire et principalement localisés dans les grandes villes. Leur mission: permettre aux jeunes en décrochage de se réintégrer dans le circuit scolaire de façon durable.

Mais qu'entend-on vraiment par décrochage scolaire? Comme l’explique Jean-Marc Cantinaux, le directeur du Sas "Aux sources" à Huy, il existe plusieurs profils: les jeunes qui sont en crise dans un établissement scolaire, ceux qui ne vont plus à l’école depuis plusieurs mois voire plusieurs années, et ceux qui sont perdus dans leur orientation ou exclus d’un établissement.

Les jeunes, âgés entre 12 et 18 ans, se rendent au Sas tous les jours de la semaine pendant trois mois (renouvelables une fois). Ils y poursuivent les apprentissages prévus à l'école mais suivent aussi des activités liées à la dynamique de groupe ou encore sur la résolution de problèmes d’ordre familial. Le Sas adapte les activités pédagogiques en fonction de la situation de l'adolescent. 


"On réduit les frais de fonctionnement, jusqu'au moment où ce n'est plus possible"

Mais aujourd’hui, c’est au tour des Sas d’être en difficulté. Le service de Tournai, qui accueille au maximum 20 jeunes, comme les autres services, a déjà distribué six préavis à deux enseignants, deux éducateurs, un directeur et une assistante sociale.

En cause, le fonctionnement budgétaire des structures. Subventionnés par l’enseignement obligatoire et l’aide à la jeunesse, les ASBL bénéficient d’une enveloppe fermée qui englobe les frais de fonctionnement et la masse salariale. Mais l’enveloppe ne considère pas l’ancienneté des employés, qui sont là depuis une dizaine d’années pour la plupart.

"Comme on doit payer l’ancienneté des gens, ça nous coûte de plus en plus, donc on réduit les frais de fonctionnement, jusqu’au moment où ce n’est plus possible" déclare Jean-Marc Cantinaux.

Celui-ci pointe également les conditions de travail. "Comment voulez-vous travailler sereinement quand on sait qu'on va être licencié ? Les jeunes sont déjà en difficulté, si en plus on met les travailleurs en difficulté c'est compliqué". 

La solution est donc surtout budgétaire: "Ce qu’on voudrait c’est une enveloppe pour payer le personnel en fonction de l’ancienneté et des frais de fonctionnement fixes, c’est tout ce qu’on demande" ajoute le directeur de Huy.


Une subvention complémentaire évoquée

Lors d’une réunion en septembre dernier les ministres de l’enseignement obligatoire et de l’aide à la jeunesse, Mme Schyns et Mr Madrane, avaient évoqué un subside complémentaire de 300 000€ en 2017 pour couvrir l’ancienneté des travailleurs. Si les Sas accueillent cette subvention comme une "bouffée d’oxygène", celle-ci n’a pas encore été confirmée et ne suffirait de toute façon pas à "résoudre l'ensemble des problèmes", selon le directeur du Sas de Mons, Michaël Delcourt.

En attendant un geste de la part des ministres concernés, les Sas se tournent vers les provinces, les communes ou encore les fondations pour trouver de nouveaux financements et dès lors poursuivre leur action auprès des jeunes dans de bonnes conditions.


 

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