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Grève dans les prisons: un détenu nous a appelés de sa cellule de Marche-en-Famenne

  • Toutes les prisons francophones du pays sont en grève

  • Le directeur de la prison de Mons comprend la grogne de ses agents

  • La colère gronde chez les policiers suite à la grève dans les prisons

 
 
 

Toutes les prisons francophones du pays étaient toujours en grève vendredi, y compris celle de Nivelles qui a rejoint le mouvement, a fait savoir Laurence Clamar, secrétaire permanente CSC Services publics, qui précise que l'action se poursuivra jusqu'à la prochaine concertation. L'appel à la grève des deux principaux syndicats policiers, SLFP et SNPS, est quant à lui relativement bien suivi. "Toutes les prisons bruxelloises et wallonnes sont en grève. Partout, c'est le régime de nuit qui est en vigueur. Il n'y a pas de visite, pas de douche, pas de préau et pas de téléphone. Les repas sont servis par la protection civile", indique Kathleen Van De Vijver, porte-parole de l'administration pénitentiaire

Ludovic, un détenu de la prison de Marche-en-Famenne qui purge une peine de trois ans nous a contactés pour témoigner des conditions dans lesquelles lui et son co-détenu, Romain qui purge une peine de sept ans, se trouvent depuis le début de la grève, lundi à 22h.


"On a dépassé les 48 heures, même les gardes à vue ne durent pas aussi longtemps"

"On doit faire assez rapidement parce qu'on est limité au niveau crédit", nous dit-il d'abord. Il décrit la situation: "La grève a commencé lundi à 22h. Depuis ce moment-là, on est bloqués en cellule. On ne peut pas laver notre linge, on ne peut pas laver notre cellule non plus. Au niveau de la nourriture, c'est de l'abus. Aujourd'hui on avait des raviolis qui étaient... J'ai jamais vu ça de ma vie. C'est une catastrophe. Pour une prison soi-disant pilote, je pense plutôt qu'on est en train de régresser.

Moi, j'ai connu des grèves à la prison de Forest, ça a duré quelques jours, on était d'accord avec les agents. Mais ici, on nous prive de tout: les visites, les préaux, les activités,... On a strictement rien du tout", dit-il.

Vous restez enfermés dans votre cellule? demande notre journaliste. "Oui, totalement", répond-il. "H-24", précise son co-détenu qui se tient derrière lui. "On a dépassé les 48 heures, même les gardes à vue ne durent pas aussi longtemps. On nous apporte le repas de midi. Et puis le repas du soir et le petit-déjeuner en même temps", continue Ludovic.

"Au niveau hygiène, on a l'avantage qu'ici à Marche, les douches sont en cellule, ça c'est l'avantage", conclut-il.


Les syndicats ont quitté la table des négociations jeudi

Tant la CSC Services publics, que la CGSP AMiO et le SLFP ont quitté la table des négociations jeudi alors qu'une réunion de concertation sociale se tenait au SPF (Service Public Fédéral) Justice à Bruxelles en présence du ministre Koen Geens en lien avec les actions de grève menées dans les prisons du pays.


Le travail a repris en Flandre depuis mercredi

L'action avait été lancée au niveau national lundi à 22h00. En Flandre, le travail a repris normalement depuis mercredi mais une décision de repartir en grève pourrait être prise, selon Laurence Clamar. Les deux principaux syndicats policiers du pays, le SLFP et le SNPS, ont quant à eux appelé leurs membres à se déclarer en grève et de la sorte ne pas remplacer les gardiens de prison. "Le mot d'ordre est relativement bien suivi, avec des différences d'une zone à l'autre", explique Fabrice Discry, porte-parole du Syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS). L'objectif n'est pas de critiquer l'action des gardiens de prisons mais ce n'est pas aux policiers de les remplacer, estime-t-il encore. "Nous souhaitons qu'un service minimum soit assuré au sein des prisons." L'administration pénitentiaire se dit quant à elle consciente de la gravité de la situation.


 

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