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"Tolérance zéro", clament les politiques: peut-elle être appliquée, ou est-ce un simple slogan?

 
 

"Tolérance zéro": ce sont les mots du premier ministre et d'autres personnalités politiques. N'est-ce qu'un simple slogan?

Tolérance zéro : l’expression date des années 80. Son principe ? Un fait même mineur, comme une vitre brisée, entraîne automatiquement une sanction. C’est simple, comme un slogan politique. "C’est une réaction politique assez classique, ce qui ne la préjuge pas quant à sa valeur, et généralement, elle s’accompagne d’une autre question classique, qui est l’accélération de la procédure", explique Michael Dantinne, criminologue à l’ULG.

La mise en place d’un tel système demande des ressources policières et judicaiires énormes. En 2010, le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, évoquait déjà la question: "On devait rigoler avec cette tolérance zéro. On n’a pas actuellement les moyens pour faire respecter les règles communes et faire respecter un certain nombre de lois, et être présent dans les quartiers. Et maintenant, on me dit, on va organiser la tolérance zéro… on se fout de qui ?", disait-il sur Bel RTL.

7 ans plus tard, le problème du manque d’effectifs policiers reste toujours d’actualité à Bruxelles. La politique dite de la "tolérance zéro" sous-entend de cibler une délinquance précise, et de ne plus classer sans suite. "Quand on décrète une tolérance zéro, elle doit s’accompagner de moyens, sinon elle est mort-née, et ces moyens, on ne va pas les utiliser par ailleurs, ça se fait au détriment d’autres questions, d’autres comportements, d’autres phénomènes", ajoute le criminologue.

Le résultat se traduit souvent par des chiffres d’arrestations qui montent brusquement, sans correspondre forcément à une réelle efficacité sur le terrain. L’objectif est surtout de délivrer un message de fermeté. "Il y a un présupposé de taille là-dessus, c’est que les individus auxquels ça s’adresse soient susceptibles d’être dissuadés par la peur d’être sanctionnés, faut-il encore qu’ils aient peur, faut-il encore qu’ils fassent un calcul coût-bénéfice et qu’ils considèrent qu’ils prennent un risque et qu’ils aient quelque chose à perdre, et si c’était aussi simple que cela, ça ferait longtemps que ça se saurait", commente le criminologue.

Les études montrent que le concept de tolérance zéro est une vision à court terme, surtout quand il s’agit de délinquance. Hors, les racines sont d’abord sociales.


 

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