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Un témoin assiste à une arrestation en pleine rue ce matin à Molenbeek: "Ils lui ont dit de se mettre au sol et ont braqué l’arme sur lui"

 
 

C’est une nouvelle fois la Belgique qui est visée par les enquêteurs français dans une affaire de terrorisme. Six perquisitions ont été menées chez nous ce matin, dans le dossier de l’attentat terroriste manqué contre le Thalys en août 2015. Quatre personnes ont été interpellées et elles pourraient également être liées aux attentats du 13 novembre à Paris.

Une dame nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous raconter l'arrestation d'un homme, en pleine rue, à Molenbeek. "J’allais faire mes courses comme tous les matins, et au moment de l’intersection pour aller au Lidl, trois voitures sont venues, ils ont arrêté un homme de manière très brutale, ils lui ont dit de se mettre au sol et ont braqué l’arme sur lui", nous dit elle.

Ces images n'ont pas été authentifiées, mais elles pourraient être en lien avec l'opération de police qui s'est déroulée ce matin. Six perquisitions ont été menées lundi matin, à Molenbeek-Saint-Jean (2), Anderlecht (1), Laeken (1), Andenne (1) et Marche-en-Famenne (1). A l'issue de celles-ci, quatre personnes ont été emmenées pour audition, a annoncé le parquet fédéral. Le juge d'instruction devrait décider mardi au plus tard de leur maintien ou non en détention.


Des liens avec les protagonistes des attentats de Paris, de Bruxelles, et l'attaque du Thalys

Au moins trois des quatre interpellés sont des connaissances, voire des proches, de protagonistes des attentats de Paris (130 morts le 13 novembre 2015) et Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016). Ainsi Mohamed Bakkali, un des logisticiens présumés des attentats de Paris, arrêté à Bruxelles le 26 novembre 2015, a été interpellé lundi dans sa cellule de la prison de Marche-en-Famenne, en Wallonie (sud), selon son avocat.

Une autre arrestation a eu lieu dans la commune bruxelloise de Molenbeek, visant un homme soupçonné d'avoir logé le tireur du Thalys, Ayoub El Khazzani, et Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé de l'attaque avortée, a-t-on indiqué de source judiciaire. Il s'agit d'un Molenbeekois de 29 ans, condamné en 2009 pour un braquage à la kalachnikov en même temps que Khalid El Bakraoui, un des kamikazes des attentats de Bruxelles, selon la chaîne publique RTBF.

Le 21 août 2015, Ayoub El Khazzani, un Marocain monté dans le train à Bruxelles, avait ouvert le feu dans un Thalys peu après son entrée en France, armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins.  Il avait blessé deux passagers avant d'être maîtrisé par des militaires américains en vacances, évitant un potentiel carnage trois mois avant l'équipée meurtrière des commandos du 13 novembre.

Longtemps silencieux, le tireur, incarcéré en France, a finalement avoué en décembre 2016 qu'il était monté dans ce train sur les ordres du jihadiste Abdelhamid Abaaoud. Homme-clé des attentats du 13 novembre, ce dernier a été tué cinq jours plus tard dans un assaut policier à Saint-Denis, près de Paris.


Une équipe commune d'enquête franco-belge

Outre celles de Marche-en-Famenne et Molenbeek, deux autres interpellations ont eu lieu lundi à Andenne --là aussi dans une prison-- et à Laeken, selon des sources concordantes. A Laeken, c'est un ami de Mohamed Bakkali et Khalid El Bakraoui qui a été arrêté, soupçonné d'avoir acheté une quinzaine de chargeurs de kalachnikov à l'été 2015, d'après les médias belges.

Ces arrestations ont été effectuées par une équipe commune d'enquête franco-belge, sous l'autorité du juge d'instruction antiterroriste de Bruxelles chargé du volet belge des investigations. Elles viennent étayer l'existence de connexions entre l'attaque du Thalys et la cellule jihadiste franco-belge à l'origine des attentats de Paris et Bruxelles.

"Il y a des connexions via le personnage d'Abaaoud et (Redouane) Sebbar, mais pas suffisamment aujourd'hui pour affirmer que le projet de El Khazzani émane de cette même cellule", a toutefois indiqué une source proche du dossier.

Redouane Sebbar, actuellement détenu en Allemagne, est un Marocain de 25 ans soupçonné d'avoir eu connaissance des projets d'attentats d'Abaaoud. Il est visé depuis la mi-juillet 2017 par un mandat d'arrêt émis par la justice française qui souhaite l'entendre dans l'affaire du Thalys.

Quant à Abaaoud, Belgo-Marocain originaire de Molenbeek, qui avait rejoint en 2013 les rangs du groupe Etat islamique en Syrie, il a pu ensuite franchir plusieurs frontières de l'UE sans être repéré et se trouvait à Bruxelles en août 2015.

Début 2015, il avait téléguidé depuis Athènes, où il séjournait, les préparatifs d'un attentat envisagé par des jihadistes belges établis à Verviers, non loin de Liège (sud). Un raid policier à Verviers le 15 janvier 2015 avait permis de déjouer leurs projets.


 

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