Ce jeudi dans sa chronique "90 secondes pour comprendre", Frederic Moray explique pourquoi les Flamands contestent moins la taxe kilométrique que les Wallons. Il ne s’agit pas d’une différence de culture, comme certains l’avancent assez facilement.
On aurait pu croire que c’était une différence de mesures compensatoires entre les différents gouvernements wallons, flamands et bruxellois. Pourtant il n’en est rien. L’introduction de cette taxe kilométrique s’accompagne d’engagements très précis et communs aux trois Régions :
- Suppression de l’Eurovignette
- Suppression de la taxe de mise en circulation pour les camions entre 3 tonnes et demie et 12 tonnes.
- Réduction de cette même taxe de mise en circulation pour les plus de 12 tonnes.
- Déductibilité à 100 % de la taxe kilométrique à l’impôt des sociétés et des personnes physiques
Plus toute une série de petites mesures qui concernent, soit directement le secteur du transport, soit des secteurs connexes comme l’agriculture et les carriers.
En terme d’infrastructures, le Gouvernement flamand s’engage également à investir 100 millions d’€ supplémentaires, en plus des 350 millions déjà budgétisés, pour la rénovation de routes.
Le Gouvernement wallon reversera l’entièreté de la somme perçue par cette taxe à la mobilité.
Bref, tout est fait pour que cette taxe profite aux transporteurs belges et vise surtout les étrangers.
Il n’y a donc pas véritablement de différences ?
Non, du coup pas vraiment de raisons objectives pour que les Wallons grognent plus que les Flamands.
Pourtant, aux niveaux des fédérations de transporteurs, c’est le cas. Tout est une question de rapport de forces. En Flandres, elles sont au nombre de 3 : Febetra, UPTR et TLV pour Transport Logistik Vlanderen. En Wallonie, seules la Febetra et l’UPTR sont agréés.
L’UPTR représente deux tiers des transporteurs en Wallonie, mais seulement deux tiers en Flandre. Or l’UPTR est totalement contre cette taxe kilométrique et estime que les mesures compensatoires ne sont pas suffisantes.
En outre, l’UPTR a refusé de collaborer à la mise en place de cette taxe et refuse de promouvoir la société Satellic qui a obtenu le marché européen des boitiers de contrôle.
Un refus qu’elle justifie par des liens commerciaux avec un autre opérateur
Et là aussi on pourrait y voir une raison supplémentaire de la colère wallonne. L’UPTR est liée depuis des années à l’opérateur Axxès qui équipe déjà les bornes de contrôles électroniques dans d’autres pays européens.
Pour l’UPTR, il est impensable que les transporteurs internationaux soient obligés de s’équiper d’un boitier de contrôle ne fonctionnant qu’en Belgique.
Mais toutes ces raisons ne tiennent pas non plus la route puisque l’UPTR n’a pas appelé aux blocages en début de semaine.
Donc aucune explication au fait que ce sont les Wallons qui ont réagi le plus virulemment à cette taxe.
Si, il en reste une: l’information. La plupart des grévistes du début de semaine étaient de petits indépendants non affiliés à une Fédération. Certains n’appartenaient même pas au secteur du transport, comme les agriculteurs ou les carriers.
Il est possible que l’information ait moins bien circulé et que certains indépendants ce sont seulement rendu compte cette semaine qu’ils étaient concernés par cette taxe kilométrique.
Mais pourquoi l’information aurait-elle mieux circulé en Flandre qu’en Wallonie ?
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